Depuis quelques semaines, assurer une continuité des enseignements et un accompagnement des élèves et de leurs familles constitue un défi inédit qui suscite un fort engagement de la part des enseignants. Un défi d’autant plus nécessaire qu’une activité physique bien menée est bénéfique pour la santé et le bien-être… états que pourrait mettre à mal la sédentarité forcée.

Comment enseigner l’éducation physique et sportive à distance, alors que la discipline met en jeu les compétences motrices et relationnelles des élèves, à travers la pratique individuelle ou collective in situ, les démonstrations, les interactions avec l'enseignant qui régule la posture, l'intensité de l'effort, et l'engagement physique ?

« Il faut faire preuve d'imagination, témoigne Valentine Poncet, enseignante expatriée à mission de conseil pédagogique du 2d degré (EEMCP2) au Maroc. Il faut ré-organiser nos contenus, les modalités de transmission et d'acquisition pour les élèves. »

Marie-Anne Bourguignon, EEMCP2 dans la zone Europe du Nord-Ouest & scandinave (Zenos), témoigne que sa journée-type de travail en a complètement été modifiée : « Je passe des heures devant mon écran pour accompagner des collègues dans la mise en œuvre de la continuité pédagogique et pour apporter moi-même un enseignement à distance à mes élèves. Cela passe par une cascade de formalisation des cours à distance, des corrections des travaux et des retours individualisés, une navigation à la recherche de ressources audio ou vidéo, des échanges en visio-conférences, une production d’outils et une configuration d’espaces de mutualisation des ressources pédagogiques… ».
Elle note aussi qu’elle a dû faire un effort particulier sur la transmission des consignes puisqu’il n’était plus possible de délivrer un discours oral dans le gymnase ou le stade avec un retour d’information immédiat de la part des élèves : « il m’a fallu être encore plus concise, plus précise, en lien avec l'âge et le niveau de l'élève, prendre en considération la somme de consignes que chacun des élèves doit lire, intégrer et respecter chaque jour devant son écran et me questionner sur ce qu'il doit comprendre, réaliser et retenir. »

« L’enseignement de l’EPS à distance m’a conduit à réaliser un travail plus poussé autour de la connaissance des activités physiques, sportives et artistiques (APSA), du corps ainsi qu’une réflexion plus grande sur "l’entretien de soi" » relève quant à elle Myriam Socié, EEMCP2 dans la zone ibérique.

Proposer aux élèves des activités en lien avec le volet santé de la discipline, les accompagner pour acquérir des compétences méthodologiques (« savoir s'entraîner »), entretenir la motivation pour favoriser un engagement dans la pratique, proposer des contenus pour créer du lien, comme des challenges collectifs ou la tenue de carnets de bord ou carnets d’entraînement, transmettre des connaissances en lien avec la culture du spectacle sportif ou artistique, maintenir la dimension « théâtrale » de l’enseignement en s’appuyant sur des supports attractifs, sont quelques-uns des axes d’enseignement à distance mis en œuvre par les enseignants.

De cette situation inédite, sont nés des échanges plus personnalisés avec les élèves. « Il est évident que la mise à distance de tous les contacts sociaux, ceux de la cour de l'école, du cours d'EPS comme des autres disciplines, manquent aux élèves et aux enseignants. J'ai le sentiment que le retour à l'école sera une grande fête ! » confie Marie-Anne Bourguignon.

De cette situation inédite est né également un besoin essentiel d'échanger sur ces nouvelles pratiques professionnelles et de mutualiser avec les autres enseignants. Un élan solidaire partagé par Marie-Anne Bourguignon, Valentine Poncet et Myriam Socié, pour qui les échanges virtuels avec les enseignants de leur zone sont quotidiens et permettent d’alimenter une réflexion collective sur la mise en œuvre de pratiques pédagogiques innovantes.